- labeur
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• labur 1120; lat. labor1 ♦ Littér. ou région. Travail pénible et soutenu. ⇒ besogne, 1. travail. Dur, pénible, patient labeur. « Rien qui fasse diversion à ce labeur affolant » (R. Rolland).2 ♦ Imprim. Ouvrage d'une certaine importance et de longue haleine (opposé à travaux de ville, dits « bibelots »). Imprimerie de labeur.Synonymes :- besogne- peine- tâchelabeurn. m.d1./d Litt. Travail long et pénible. Labeur ingrat.d2./d IMPRIM Travail d'une certaine importance.⇒LABEUR, subst. masc.A. — 1. Littérairea) Travail pénible demandant un effort soutenu et de longue haleine, une grande ténacité. Synon. besogne, tâche.— Au sing. Dieu a condamné tous les hommes au travail, et tous ont leur labeur soit du corps, soit de l'esprit (LAMENNAIS, Paroles croyant, 1834, p. 115). Pendant que le soleil darde à plomb ses rayons sur la plaine, hommes et animaux suspendent leur labeur (TOEPFFER, Nouv. genev., 1839, p. 10). Le labeur du prolétaire humanise l'univers matériel qui l'universalise en retour (LACROIX, Marxisme, existent., personn., 1949, p. 29).— Au plur. Les artisans usés par les durs labeurs des ateliers (HUYSMANS, À rebours, 1884, p. 162). La terre germe, fleurit, se dépouille, et, depuis que l'homme la cultive, ce sont les mêmes gestes, les mêmes labeurs du misérable incliné sur elle (HOURTICQ, Hist. art, Fr., 1914, p. 402) :• 1. Cette force [de l'énergie dans l'homme] est unique, et bien qu'elle se résolve en désirs, en passions, en labeurs d'intelligence ou en travaux corporels, elle accourt là où l'homme l'appelle.BALZAC, Physiol. mar., 1826, p. 126.b) Au fig. Processus continu ou progressif, de transformation, de maturation. Le dur labeur de l'incubation (MICHELET, Oiseau, 1856, p. 6). De quoi allons-nous nous mêler dans ce labeur de la vie, dont les moyens et le but nous sont inconnus? (ZOLA, Dr Pascal, 1893, p. 192) :• 2. ... la Russie a fixé le rêve révolutionnaire. (...) elle l'a ramené, d'une manière souvent rude et réaliste, aux soucis de la politique, de l'économie, de la diplomatie, des querelles de tendances. Par un effet inévitable de ce gigantesque labeur, la révolution russe s'est détournée de l'élément mythique éternel que contenait le rêve révolutionnaire.J.-R. BLOCH, Dest. du S., 1931, p. 173.Rem. Labeur est employé comme synon. de travail dans le style soutenu ou dans les cont. accordant une valeur morale au travail.SYNT. Recueillir le(s) fruit(s) de son labeur; (réussir) à force, au prix d'un dur labeur, grâce à un dur labeur; vivre de son labeur; journée, vie de labeur; dur, pénible, rude labeur; labeur acharné, incessant, journalier, opiniâtre, patient, quotidien, sans fin; le labeur humain; labeur, peine et misère.2. Pop., vieilli. Travail (dans le cadre d'un emploi). Synon. boulot. C'est que dall [sa chute du tramway]! dans huit jours i' sera bonnard pour se tirer au labeur! (DUSSORT, Preuves exist., 1927, dép. par G. Esnault, 1938, p. 144). Nul ne circulait [à 2 heures du matin] dans ce quartier de boulots. Les caves ronflaient. Ils prenaient des forces avant de retourner au labeur (LE BRETON, Rififi, 1953, p. 178).B. — IMPRIMERIE1. Travail d'impression de longue haleine mettant en œuvre des moyens de production relativement importants. Anton. bibelot, bilboquet, travail de ville. Le « Grand Larousse encyclopédique » est un labeur (Lar. encyclop.).2. P. méton. Branche de l'imprimerie spécialisée dans la confection des labeurs. Ouvriers du labeur. Le labeur demande un outillage souvent moins puissant mais plus varié que celui de la presse. Il fait appel à des spécialités et à des qualifications diverses et organise sa production en fonction d'un rendement et de prix de revient très étudiés (Impr. 1977).— [En fonction de déterm.] Caractère, encre de labeur. La petite imprimerie de labeur de la rue de Seine où ils allaient corriger leurs épreuves et mettre en pages la revue (NIZAN, Conspir., 1938, p. 47).REM. Labeurer, verbe intrans., hapax. Synon. pop. trimer. Depuis trente-cinq années que je labeure dans les sciences!... que je me crucifie! c'est le mot... pour instruire! élever les masses! Jamais on m'a traité encore comme ce salaud-là (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 477).Prononc. et Orth. : [
]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1re moitié XIIe s. labur « peine, affliction, malheur » (Ps. Oxford, éd. F. Michel, 9, 37); 2. id. plur. « produit, fruit du travail » (ibid., 108, 10); 3. 1155 « travail pénible » (WACE, Brut, 13833 ds T.-L.); 4. 1730 impr. « travail de composition et de tirage important » (SAVARY Suppl. d'apr. FEW t. 5, p. 103 b). Empr. au lat. labor, -oris « peine qu'on se donne pour faire quelque chose; fatigue, labeur, travail; résultat de la peine; situation pénible, malheur; chagrin, peine ». Fréq. abs. littér. : 838. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 637, b) 1 317; XXe s. : a) 1 830, b) 1 212. Bbg. DUB. Pol. 1962, p. 329. - GEMMINGEN-OBSTFELDER (B. von). Semantische Studien zum Wortfeld Arbeit im Fr. Tübingen, 1973, p. 118; pp. 120-125. - KOZLOVA (Z. N.). [Sur les synon. : ouvrage, travail, œuvre, besogne, labeur...]. In : [Mél. Sergievskij]. Moskva, 1961, pp. 129-136. - OSTRÁ (R.). Le Ch. conceptuel du travail ds les lang. rom. Ét. rom. Brno. 1967, t. 3, p. 28, 34, 75, 78; Struct. du signe ling. et chang. sém. Beitr. rom. Philol. 1972, t. 11, pp. 128-129.
labeur [labœʀ] n. m.ÉTYM. V. 1120, labu; lat. labor « effort, fatigue ». → Labour.❖1 (V. 1120). Littér. ou régional. Travail pénible et soutenu. ⇒ Besogne, travail. || Un dur, un pénible labeur (→ Travail de forçat). || Un patient labeur (→ Aveugle, cit. 17). || Labeur assidu, incessant. || Façonner qqch. par un long labeur : élaborer (→ Élaboration, cit. 3). || Labeur ingrat (→ Confiner, cit. 9; fer, cit. 7). || S'atteler à un labeur ingrat, difficile. || Qui demande un dur labeur. ⇒ Laborieux. || Vivre de son labeur. → Ne vivre que de ses bras. || Recueillir le fruit (cit. 36, La Fontaine) de son labeur. || Bêtes (cit. 10) de labeur, qui servent aux travaux de la terre.1 Rien çà-bas (ici-bas) qui ne soit par naturel devoir,Esclave de labeur : non seulement nous hommes,Qui vrais enfants de peine et de misère sommes,Mais le Soleil, la Lune et les Astres des CieuxFont avecques (avec) travail leur tour laborieux.Ronsard, Second livre des Hymnes, « De la mort ».2 Rien qui fasse diversion à ce labeur affolant. Point de jeux, point d'amis.R. Rolland, Jean-Christophe, Le matin, p. 143.3 Si chaque homme, cependant, savait ce que signifie une journée de labeur à la chaîne, puis une semaine de journées implacablement pareilles, puis un mois de jours identiques, un an enfin, il serait plus aisé de faire comprendre à quel point il est indispensable de mettre ceux qui peuvent dépasser ce stade inférieur en mesure de le dépasser.Daniel-Rops, Ce qui meurt et ce qui naît, p. 153.REM. Dans son emploi général, le mot ne s'utilise que dans un contexte noble et dans le ton littéraire, soutenu. — Son emploi comme synonyme de travail est au contraire populaire.4 Avec eux, c'était labeur, labeur. Et midi (rien à faire) pour sortir le soir. Dans un sens ils avaient pas tort.M. Aymé, le Passe-muraille, p. 262.2 (1730). Imprim. || Le labeur (singulier collectif; jamais avec l'article indéfini) : les ouvrages d'une certaine importance et de longue haleine, par oppos. aux travaux de ville, dits bibelots ou bilboquets. || Cette imprimerie ne fait que le labeur (Académie). || Imprimeur de labeur (⇒ Labeurier).♦ Par métonymie. || Le labeur : l'ensemble des entreprises d'imprimerie spécialisées dans le labeur, la branche labeur de l'imprimerie. || La presse et le labeur. || Les syndicats du labeur.❖DÉR. Labeurier.
Encyclopédie Universelle. 2012.